Roger-Edgar Gillet
Roger-Edgar Gillet

Roger-Edgar Gillet, né à Paris le  et mort le  à Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine, est un peintre et graveur français.

Biographie

Peignant dès l’âge de douze ans, Roger-Edgar Gillet suit « sans enthousiasme » les cours de gravure en médaille de l’École Boulle de 1939 à 1943, fréquentant également, afin d’éviter le Service du travail obligatoire, les cours de Maurice Brianchon à l’École nationale supérieure des arts décoratifs1. Puis il enseigne à l’académie Julian2 de 1946 à 1948, où il rencontre Thérèse qui deviendra son épouse.

Il œuvre dans un premier temps dans une esthétique abstraite. Il participe à plusieurs expositions organisées par les critiques Michel Tapié et Charles Estienne. Il est alors associé à l’abstraction lyrique européenne, aussi dénommée art informel ou Nouvelle École de Paris avec des peintres comme Georges MathieuPierre AlechinskyJean MessagierSerge PoliakoffJean-Paul RiopelleJean FautrierHans Hartung ou Zao Wou-Ki

Il présente sa première exposition personnelle en 1953 à la galerie Craven, à Paris. En 1954, on lui remet le prix Fénéon, puis à la suite d’une exposition à la galerie de France, il obtient le prix Catherwood et part aux États-Unis. À son retour, il expose à la galerie Ariel fondée par Jean Pollack. Celui-ci affirme clairement la ligne de sa galerie, notamment avec l’exposition « 15 peintres de ma génération » (1964). Ces peintres sont des amis de Gillet, surtout Albert BitranJacques DoucetAndré MarfaingMaryanJean MessagierPaul Rebeyrolle

roger -Edgar Gillet
roger -Edgar Gillet

À partir des années 1960, Roger-Edgar Gillet se tourne vers la figuration, et l’humanité devient le sujet central de son œuvre. Sa production se présente clairement sous forme de séries : Les PouxLes JugesLes BigotesMarilynLes MusiciensLes Mutants… Par ailleurs, il n’hésite pas à citer des thèmes de la peinture religieuse tels que La Cène ou la Crucifixion. Il traite également le paysage, par ses Villes et ses Marines.

Esthétiquement, Gillet a des affinités avec Goya et le flamand James Ensor. Il peut être rattaché à la nouvelle figuration et au courant expressionniste.

Il fait partie du comité de sélection du Salon de mai avec lequel il se rend à Cuba en 1967 et participe à la réalisation d’une fresque collective à La Havane.

Dans les années 1970, il vit près de Sens dans l’Yonne, avec sa femme et ses quatre enfants. Il partagera ensuite sa vie entre Paris et Saint-Suliac, près de Saint-Malo. Il est membre du comité d’honneur de la Maison internationale des poètes et des écrivains de Saint-Malo3.

Gillet cesse de peindre en 1998. Il meurt d’un cancer en 2004 à Saint-Suliac4. Ses cendres sont dispersées à Paris dans le jardin du souvenir du cimetière du Père Lachaise.

Réception critique

  • « Un ton singulier caractérise l’œuvre de Roger-Edgar Gillet. Passée d’une abstraction matiériste à une figuration suggestive, non loin en certaines occasions du fantastique d’Ensor, elle dévide une agressivité rentrée, hantée par des démons familiers : personnages tragicomiques, à la fois insolents et timides, qui sous leurs défroques dérisoires habitent des lieux animés d’une subtile turbulence. Les couleurs sont fines, choisies, l’œuvre a de l’allure, sans exaspération. » – Gérard Xuriguera5
  • « en 1987, on a pu voir au Centre national des arts plastiques à Paris le cheminement de Gillet, de l’abstraction lyrique, au début des années 1960, jusqu’aux dernières créations, les Mutants, les Tempêtes et les Bateaux ivres, traitées dans une figuration véhémente, en passant par les prelières Figures voilées (vers 1962) et les architectures imaginaires des années 1970. Par la qualité de sa touche et l’harmonie crépusculaire de ses tons sable et terre de Sienne, l’œuvre de Roger-Edgar Gillet mérite l’attention des amoureux de la peinture. » – Gérald Schurr6
  • « Le paradoxe tient à ce que ce colosse blessé, plutôt débonnaire et toujours amical, n’imagine le monde que peuplé de mutants et de nains sans visages, voit dans la fille allongée sous le soleil le cadavre en sursis et dans le cadavre avéré un objet comme un autre, tous aptes à capter avec grâce les effets de la lumière, parce qu’il peut à la fin transmuter son dégoût blasé en gemmes dorées. » – Jacques Busse7
  • « Ses compositions rigoureuses et austères cèdent sous la pression d’un univers balbutiant. De l’informe naît la forme. Un étrande théâtre naît. Les Nains, les Bigotes et les Juges, les Musiciens, les Gens d’église, les Prisons et les Villes précèdent la Marche des oubliés et les Tempêtes. Indépendant, il construit son œuvre. Sa vision est lucide. La peinture est la plus forte face à l’hypocrisie. Il a décillé les yeux de ses contemporains en étant profondément peintre. » – Lydia Harambourg

Je laisse un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.