Deux lettres pour résumer le phénomène qui a frappé la photographie au XXIème siècle. Deux lettres qui recouvrent les murs du monde entier, des favelas à l’Upper East Side. Deux lettres seulement, mais qui en disent long : le J et le R, JR.
De son véritable nom Jean-René, JR est un jeune photographe urbain, street artist né à Paris en 1983. Il accumule les projets de street-art, tous plus monumentaux les uns que les autres, que ce soit par leurs démarches comme par leurs superficies.
Au commencement, c’est par le graffiti que l’artiste pénètre l’art de la rue, mais en 2001, il récupère un appareil photo dans le métro parisien et mitraille. Tous ceux qui l’entourent deviennent source d’inspiration, un phénomène qui va se perpétuer et s’autoalimenter.
La patte artistique de JR réside dans son processus de création, des collages photographiques gigantesques représentant des individus en noir et blanc. Mais qui dit géant, dit technique à la hauteur. Pour réaliser ses projets muraux, le photographe va s’entourer d’une équipe de 15 spécialistes, se positionnant entre l’art visuel et la performance.
Ce goût de l’immensité ne s’explique pas uniquement par un choix esthétique, il est aussi un moyen pour l’artiste d’attirer l’attention, l’image s’expose et s’impose à nous et ne nous laisse pas le choix. De cette manière tout le monde est visé, il n’est plus nécessaire de se rendre au musée pour être entouré d’œuvre d’art.
Afin de convoquer davantage la sensibilité du public, JR va le mettre au centre de ses clichés. Ces portraits ne sont pas sans fondements, ils abordent des causes actuelles, politiques et sociétales et apportent une réflexion sur l’identité, fil rouge du travail de l’artiste.
En 2008 on se souviendra notamment de son action au cœur des Favelas « 28 Millimètres, Women Are Heroes » au Brésil, recouvrant des pans entiers d’habitations par des visages saisissants. Un an auparavant, le photographe avait marqué déjà les esprits par son œuvre « Face 2 Face » où des portraits de palestiniens et d’israéliens se répondaient en souriant sur le mur de séparation entre les deux villes en conflit.
Plus récemment, c’est au Panthéon et au Louvre que JR s’est attaqué. En 2014 il habille le Panthéon des portraits de passants, continuant sur sa ligne artistique mais avec une pointe de démagogie qui lui est reprochée. Enfin, en 2016, il réalise son plus beaux tour de prestidigitation, faire disparaître le Louvre, nous laissant présager d’un futur toujours plus grand et plus fou.
La même année, il a entamé un projet de film avec Agnès Varda, allant à la rencontre des gens sur les routes de France. Il va ainsi voyager hors des villes, quitter les rues de banlieue et les métropoles pour la campagne. Mais où qu’il soit, JR reste particulièrement présent sur les réseaux sociaux, privilégiant Instagram, étant dédié à la photographie.