Claudine Aspar
Claudine Aspar

Claudine ASPAR ou l’enchanteresse

Enchanteresse dans l’art de séduire, elle lui ouvrit la porte du jardin des délices : pourquoi ne l’y suivrait-il pas ? S’occupait-elle d’autre chose que de plaire, il se sentit pris au piège. Au pays de fééries*, il invoqua Eros, Daphné, Panacée et se lança à l’aventure, dans les arcanes du tendre, en cette géographie imaginaire des paysages de Vaucluse. Par la grâce du coeur du poète, au sortir du tunnel, il franchit le rocher maternel puis le muret de sévérité. Il entendit alors rugir la cascade de la colère et se rafraîchit de l’élixir aux larmes de cette eau qui transporte les mots. Il était las de ce chemin plein de traîtrises mais il se devait de rencontrer la reine des fées, souveraine d’un domaine que hantent les cœurs de la métamorphose avec pour masque ambivalent, bienfaiteur et redoutable, à la fois le profil de l’érotisme et la figure de la magie.
Claudine Aspar puise au grand réservoir de l’Amour et ses objets qui coule et circule dans les moindres interstices de la matière tel un jaillissement, un bain de jouvence avec son apothicairerie de potions de longue vie et de bonne santé, de remèdes universels, de filtres d’amour qu’elle expérimente, en de petits rituels, pour vivre l’art avec les autres. Il y a de la violence et de l’archaïsme dans ce flux libéré d’images et d’écriture où l’emportent en charme et en volupté les génies féminins ­déesses, nymphes, naïades, muses et autres fées des eaux- dotés de tous leurs attributs : la beauté, la séduction, la fécondité. Ces divinités, poupées-fétiches aux corps gonflés, apparaissent sous la forme humaine, vêtues de la robe de sept siècles des écrivains ­Pétrarque, Villon, Louise Labé, Georges de Scudéry, Jean-Jacques Rousseau, Charles Baudelaire, René Char. Leur apparence inoffensive cache les démons païens de Pétronille la poupée des vilaines filles et de séances bachiques en compagnie des vieux briscards et puis il y a cette voix aux intonations sauvages, presque inimaginable quand on calque le visage pâle et rose sur le nom de Claudine Aspar qui, à la manière parodiée du « Tournez manège », nous renvoie aux bas-fonds de notre culture de masse. L’univers de Claudine et ses jouets est tour à tour naïf et savant, brut et élaboré, vulgaire et raffiné, ordinaire et maniériste.
Notre enchanteresse, à l’esprit solitaire, un peu sorcière, est à la recherche du merveilleux qui procède du retour à l’enfance mais aussi d’une inspiration qu’on imagine médiévale. Très médiévale est également la prééminence du sacré sur le profane dans l’observance du cultuel et du spirituel. C’est un univers qui sent le souffre du sabbat et le mystère de la chapelle. Attention aux pièges des Rituels de fascination, on se croit dans la naïveté d’une bande dessinée enfantine alors qu’on est déjà dans les rêves du sommeil profond de la princesse endormie.

* Les phrases en italiques sont empruntées aux noms des oeuvres de Claudine Aspar.

Eve DUPERRAY,Conservateur en chef des Musées départementaux du Vaucluse

Claudine Aspar ne peint pas, ne sculpte pas, ne grave pas, elle cuisine…
Il arrive d’ailleurs quelque fois que ses meilleures préparations se transforment en sonate pétomane ou en mortier de scellement bien que depuis quelques temps sa cuisine se soit allégée alors que son oeuvre elle « PAAAAS du tout »… Il faut dire qu’elle commence à prendre de « l’AAAge » et des « kilos », certains la disent gironde, d’autres « VULGAIIIRE » d’autres encore, les deux…
Moi qui la connais bien et je peux vous dire qu’elle n’est pas VULGAIRE du TOUT et à peine enrobée…
Ses personnages eux sont vulgaires, je dirai même à piquer des vers. Qui n’a vu «Figue Sèche», «Saucissonne la cochonne», «Rébéca fait caca», ne peut pas comprendre.
Je citerai encore l’exemple de Joseline Bourillon la Femme de réré petite Bouche ; cette dernière experte dans la confection du Papeton d’Aubergine et du levé de coude a certainement quelque chose de vulgaire.
À écouter sa vie narrée par crin crin le vieil artilleur, on retrouve tous les ingrédients tragiques et dérisoires d’une vie noueuse comme un pied de vigne, alors que la voix off nous interpelle :
«Où allez-vous ? Qu’avez-vous fait de votre vie pauvres mortels»…
Mais au fait qu’est-ce que la vulgarité ?
La définition du dictionnaire nous dit :
VULGAIRE adj (Lat, Vulgaris ; de Vulgus, multitude).
Si l’on considère le nombre de « Bipèdes » qui grouillent sur la planète, je peux sans complexe, vous dire que si Claudine est Vulgaire alors nous le sommes tous et moi le premier.
Il y a certes des individus plus Vulgaires que d’autres, il me suffit de regarder la TV pour y voir la Vulgarité à chaque image pour ne pas dire l’accomplissement de la bêtise.
La différence avec le travail de Claudine ASPAR, c’est qu’elle exacerbe cette vulgarité qui est en chacun de nous pour en extraire une poésie granuleuse mordue au bain d’acide, taillée au burin, rayée à la pointe sèche…

Le produit est une première pression à froid implacable celle qui contient le meilleur du jus la substance même de ces personnages crucifiés sur le papier chiffon.
C’est peut-être la raison qui fait que ce travail peut paraître « brouillon » aux yeux des chercheurs d’ordre et de propreté…

Mais nos entrailles sont-elles en ordre?…
Claudine, elle, va droit au « BRUT » et répond à la question en faisant parler ce défunt en décomposition récente tout étonné de constater :
«Je ne pensais pas qu’il y avait autant de jus en moi».
Il s’agit en fait d’un travail sociologique plus qu’esthétique vous l’aurez compris…
car enfin ce travail dérange dans une période où l’art en vogue est sans « matières grasses » où les concepts sont les caches misères d’un tas d’artistes fonctionnaires à court d’inspiration, et dont l’objectif premier est de plaire aux chargés de mission des ministères concernés.
Claudine Aspar n’en a que faire, elle a la liberté de ceux qui n’ont pas de plan de carrière et qui ne cherchent pas à plaire à tout prix et comme pour faire un pied de nez à ses détracteurs elle a intitulé son dernier ouvrage : «PAS DE PROBLÈMES JE M’EN BAS LES OUILLES».

Daniel Romani, 1999

Claudine Aspar doesn’t paint, sculpt, or engrave. She cooks…
Sometimes it even occurs that her best preparations transform themselves into farting sonatas or in sealing mortar and this in spite of the fact that her cooking has gotten lighter while the same can not be said for her artwork. NO, NOT AT ALL…. It should be noted that she’s getting « OLD » and putting on the « POUNDS », some say she is buxom, others « VULGAR », and others still, say she is both…
I who know her well can tell you that she is not at all VULGAR and hardly chubby…
Her characters are vulgar,I would even go so far as to say to brilliant. He who has never seen «Figue Sèche», «Saucissonne la cochonne», «Rébéca fait caca», cannot understand.
I shall also mention Joseline Bourillon the wife of réré petite Bouche ; the latter being an expert in the confection of the Papeton d’Aubergine and the raising of the wrist certainly has something vulgar about him..
Hearing her life story as told by Crin Crin the old artilleryman, one finds all the tragic and dersiory ingredients of a life as twisted as a vine plant, while the narrator’s voice beckons us:
«Where are you going ? What have you made of your sorry mortal’s lives»…
But what in fact is vulgarity ?
The dictionary definition tells us:
VULGAR adj (Lat, Vulgaris ; from Vulgus, multitude).
Considering the number of « Bipeds » that swarm about the planet, I can in complete assurance tell you that if Claudine is vulgar then we all are, and me first and foremost.
There are obviously individualswho are more vulgar than others, it suffices to turn on the TV to see vulgarity, not to say the sovereign accomplishment of stupidity, in every image.
The difference in Claudine ASPAR’s work, is taht she exacerbates this vulgarity that dwells in each of us in order to extract a grainy poetry marinated in an acid bath, carved with a chisel, scratched with a dry-point needle…
The product is a first cold pressing which contains the best juice, the very substance of these characters crucified on rags.

It is perhaps the same reason for which the work might appear « sketchy to the eyes of those who seek order and cleanliness…
But, are our entrails in order?…
Claudine, heads straight for the « RAW » and answers this question by making this decomposing corpse astonished to observe that:
«I never realized there was so much juice inside me».
It is, as you have perhaps understood, more a sociological work than an esthetic one…
for ultimately, this work disturbs during a period in which the trendy art is devoid of « fatty substances » and where petty-bureaucrat artists use concepts to hide their lack of inspiration, and whose primary aim is to appeal to the mission leaders from the concerned ministries.
Claudine Aspar couldn’t care less, she has the liberty of those who have no career plan and who do not seek to appeal whatever the cost and is if to thumb her nose at her detractors she has entitled her latest work «PAS DE PROBLÈMES JE M’EN BAS LES OUILLES».

Daniel Romani, 1999

BioGraphie PDF

http://www.documentsdartistes.org/artistes/aspar/repro.html

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