Michel Onfray a publié quelques lignes odieuses à mon encontre, à la fin de son dernier ouvrage, le Crocodile d’Aristote, me qualifiant de « peintre amateur local » cherchant ainsi à m’atteindre dans mon métier.
L’objet de sa colère, c’est le portrait que j’ai fait de sa personne.
Petit mensonge de sa part, il prétend que c’est son « ami Bruno Picot » qui le lui a fait incidemment découvrir. La vérité, c’est que je l’ai réalisé il y a deux ans, lui ai envoyé la photo par mail il y a deux ans, qu’il m’a répondu sèchement il y a deux ans, qu’il l’a donc ruminé pendant deux ans – c’est long, même pour une race normande. Aujourd’hui, il diffuse la photo du tableau avec une réponse assortie de propos blessants. Ce portrait l’a visiblement beaucoup ému. Les travaux des peintres amateurs ont rarement cette force.
Je suis d’autant plus désolé que je souhaitais lui rendre une forme d’hommage – j’étais fan de ses cours. J’ai peint le philosophe tel ces animaux inapprivoisés qui hument leur environnement et vivent dans un état d’alerte perpétuelle. Je pensais aussi au maintien des personnes non-voyantes qui ont développé leurs sens avec une acuité que nous ne possédons pas. C’est aussi l’attitude du mâle dominant que je lui ai vue sur de nombreux plateaux télé. Autour du personnage, des ronces et des orties, derrière, un jardin potager, un arbre greffé, des haies; représentation de la nature raisonnée « adoucie » plusieurs fois vantée dans ses cours. Michel Onfray serait-il incapable de recevoir un hommage si celui-ci est teinté d’humour ? Il semblerait que oui. Il faudrait rebaptiser le tableau « Portrait d’un paranoïaque critique » car paranoïaque, M. Onfray semble l’être devenu à un degré pathologique.
Mais le « peintre amateur local né en 59 » a visiblement touché quelque chose de plus profond. Ce portrait est-il porteur d’un double sens qui m’a échappé ? Peut-être faut-il faire confiance à l’analyse du philosophe lui-même, pour le découvrir dans l’interprétation qu’il en donne dans son livre (il y voit une « tête de cul montée sur un cou de taureau » « sans yeux sans cerveau »)
N’en déplaise à ses détracteurs, la peinture aujourd’hui n’est pas un art mort, et garde un pouvoir émotionnel intact.
Pour conclure, je suis très triste de son utilisation méprisante du mot “local”. Les locaux, ruraux et citadins, apprécieront. Je suis très déçu de cette volonté d’un homme public de m’atteindre dans mon travail. Je m’attendais à plus de respect de la part de l’initiateur d’une université « populaire ». Mais sans doute fait-il partie de ces acteurs de la culture, humanistes patentés, qui aiment le peuple quand celui-ci sait rester à sa place de peuple, éducable et consommateur. S’il lui prend le désir de créer, c’est la détestation et le mépris qui s’affichent.
O Rivaz
Depuis les années 90 Olivier de Rivaz n’a cessé d’exposer dans tout le grand Ouest mais aussi à Paris et à l’étranger. C’est un artiste engagé