Martine Missemer
Martine Missemer

Rencontre avec Martine dans son atelier à Strasbourg.

Les lieux me mettent déjà dans une certaine ambiance. L’atelier est situé dans une arrière-cour colorée par de charmantes maisons alsaciennes à colombages.

Le mot « vocation » lui fait penser à une vocation religieuse, ce mot ne lui plait pas et ne lui dit rien.   En devenant artiste, Martine a « sauvé sa vie ». Sans sa peinture, elle n’existe pas à ses yeux et aux yeux des autres. Elle existe socialement grâce à sa peinture, elle peut dire : « Je suis peintre ». Son enfance ne lui laisse pas de bons souvenirs. Elle avait de grandes peurs, des terreurs. Et surtout, elle avait peur des autres, du monde. Elle se sentait différente, elle ne parlait pas.

La peinture lui a fait découvrir un moyen de communiquer sans les mots. Il y aurait un lien direct des images aux émotions.

Elle est née dans une famille de « petits bourgeois » où son destin était connu d’avance : se marier, avoir des enfants. Elle se souvient d’un événement précis : petite fille, elle se promène avec ses parents et observe une dame qui accroche des tableaux dans une galerie. Elle se dit que c’est ce qu’elle veut faire : une femme peut faire ça, elle l’a vu…

Elle n’était pas bonne élève à l’école et sa mère lui dit qu’elle devra faire « l’école ménagère ». Elle ose lui dire :  « Non, je veux faire les Arts déco ».  Elle ne sait plus comment elle a connu cette possibilité.

Aux Arts décoratifs entre 1968 et 1973, elle s’est mise à travailler beaucoup, alors qu’elle ne faisait rien à l’école. Elle se sentait très heureuse. Elle n’avait plus de doute, elle existait enfin. L’atmosphère de l’époque était à la révolte et à la liberté : elle a eu la possibilité de peindre « avec ses tripes », de manière abstraite et d’apprendre aussi  les bases nécessaires à la peinture figurative. Être peintre est un métier qui demande un long apprentissage.

Les tableaux sont un langage pour elle. Les expositions lui permettent des rencontres intéressantes. Elle aime entendre les gens parler de ses tableaux qui leur inspirent souvent bien autre chose que ce qu’elle avait pensé au départ.  Sa manière de garder une distance entre sa vie et ses tableaux est l’humour.

Elle a peint toute une série de femmes toutes rondes, presque sans cerveau et « qui savaient tout faire », inspirée par Niki de Saint Phalle mais aussi par les Venus du Néolithique. Les personnages sont posés en attente et ont l’air de demander à l’observateur : « Et maintenant, qu’est-ce que je fais ? » Ces dames lui ont valu une commande pour la piscine de Hautepierre mais aussi des critiques violentes. Des personnes se sentaient agressées par ses sujets. L’humour n’est pas toujours apprécié dans l’Art.

Missmer-martine
Missmer-martine

Martine peint maintenant des animaux, le thème est mieux accepté. Mais le propos est toujours le même : la question posée est : «  Comment faire pour vivre ? Que faire ? ». Elle se réfère à Gauguin qui a écrit sur la porte de sa case à Tahiti : « D’où venons-nous, qui sommes-nous, où allons nous ? ». Chacun y trouve sa propre réponse ou ses propres questions existentielles en regardant ses tableaux.

Martine n’a pas de discours sur son œuvre, volontairement. Ses tableaux parlent.

Pour gagner sa vie, elle travaille aussi à la restauration de fresques, de toiles, de meubles anciens pour des antiquaires et fabrique des petits objets décoratifs de tradition alsacienne.

http://martine.missemer.pagesperso-orange.fr/

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